26 septembre 2008
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Abbé Jean-François Georgel (1731-1813)
Voyage fait à Saint-Pétersbourg en 1799-1800 (paru en 1818)
Le gouvernement russe ne peut être assimilé, ni comparé à aucun gouvernement européen; il est tout asiatique, c'est-à-dire que la volonté de l'empereur est la loi suprême; aussi prend-il le titre d'autocrate, dont l'étymologie grecque signifie que le souverain est lui-même la puissance. Il n'a pas, comme les autres monarques de l'Europe, un Conseil d'Etat où se traitent, en présence du prince, les grandes et importantes affaires; il n'a même pas, comme l'empereur de la Chine, le plus grand despote de l'Asie, un tribunal où on se permet d'examiner la conduite de l'empereur, et où on ose lui faire des représentations. L'autocrate de toutes les Russies est lui-même son Conseil d'Etat et son tribunal. Une loi quelconque, ou un ukase émané de sa volonté, est adressé, ou au gouverneur général de la police de l'empire, pour la faire exécuter, ou au sénat de l'empire, pour la faire connaître dans les provinces de la domination russe; alors les gouverneurs militaires et les chefs civils l'exécutent, sans que personne ose faire des représentations ou des réclamations, à moins que l'empereur, dans la loi même, n'invite à communiquer de respectueuses observations. Cette manière absolue de gouverner est peut-être la seule qui puisse commander l'obéissance à un peuple immense, répandu sur de vastes contrées, de costume, de langue et de religion différentes, qui s'étendent depuis les bords de la Memel en Pologne, jusqu'au Kamtschatka, qui touchent l'Amérique du nord, au levant la mer Glaciale et celled'Amérique, au cou chant l'Europe, au midi la Turquie, la Perse, le Thibet, la grande Tartarie et la Tartarie chinoise. "
" Formation du gouvernement
Les formes du gouvernement, en Russie, sont toujours précaires et absolument soumises à la volonté arbitraire et changeante de l'autocrate. "
" Ministère de la Police
La vigilance de cette inspection s'étend particulièrement sur l'entrée, le passage, la conduite et la sortie des étrangers, ainsi que tout ce qui vient du dehors de l'empire. L'inspection et les visites aux barrières des frontières se font avec sévérité. "
Xavier
Marmier (1808-1892)
Lettres sur la Russie, la Finlande et la Pologne
(voyage en 1842, publié en 1843)
" Malheureusement, l'administration russe [...] est en général, il faut le dire, l'une des administrations les plus vénales qui aient jamais existé. Pour
elle, la corruption n'est plus un cas exceptionnel, c'est un état normal. On n'entre dans les bureaux russes que la bourse à la main; on obtient une solution à la plus légitime requête qu'en
mettant l'argent sur la table, et plus la requête que l'on formule est importante, plus longue est la filière qu'elle doit suivre, plus il en coûte pour arriver à une décision. La vénalité
s'étend comme un poison des plus hautes sphères de l'administration jusqu'aux valets qui gardent la porte des antichambres. "(voyage en 1842, publié en 1843)
" Les besoins de luxe, les délabrements de fortune, et l'exiguïté des appointements des fonctionnaires russes expliquent en partie ces habitudes de vénalité ignominieuse. Mais le mal dont chacun souffre, ne tient pas seulement à cette situation des employés, il est déjà enraciné dans les moeurs, et pour ainsi dire dans l'âme de la nation. "
Extraits du
Voyage en Russie; Anthologie des voyageurs français aux XVIIIe et XIXe siècles chez Robert Laffont, collection Bouquins, 1990.
Voyage en Russie; Anthologie des voyageurs français aux XVIIIe et XIXe siècles chez Robert Laffont, collection Bouquins, 1990.