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Умом Россию не понять,
Аршином общим не измерить:
У ней особенная стать -
В Россию можно только верить.

Nul mètre usuel ne la mesure,
Nulle raison ne la conçoit.
La Russie a une stature
Qui ne se livre qu'à la foi.

Fiodor Tiouttchev (1866)

 

 

Да, и такой, моя Россия,
Ты всех краев дороже мне.
А. Блок


Люби Россию, ибо она мать твоя, и ничто в мире не заменит тебе её.
Казачья заповедь

 


Праздники России


 
2 février 2010 2 02 /02 /février /2010 00:24

bosio74524.jpg.jpgBnF

Il y a une dizaine d'années, à Saint-Pétersbourg, alors que je visitais la nécropole des artistes à la laure Alexandre-Nevski, l'épitaphe sur la tombe d'une certaine Angela Xindavelonis, née Bosio, a attiré mon attention car elle était en français. Je l'ai recopiée (orthographe d'origine):

Elle avait tout ce qu'on envie;
Elle reçut tout en naissant.
Tout, excepté la longue vie,
Elle est morte en la commençant.

La mort jalouse de la gloire,
Brisant un avenir si beau,
N'ensevelit pas sa mémoire
Sous le marbre de ce tombeau.

Elle n'est plus, sa gloire reste;
Dieu le veut, respectons ses loix;
Dans les anges du choeur céleste

Il manquait, sans doute, une voix !


abosio2
Angela (Angelina, Angiolina) Xindavelonis, née Bosio
1830, Turin - 1859, Saint-Pétersbourg

Curieuse (ficanas comme on dit chez moi à Nice), j'ai ensuite cherché quelques informations sur cette femme morte si jeune. C'était une des plus grandes cantatrices de son époque. Après des débuts à Milan, Angiolina Bosio s'est produite à Madrid, Copenhague, New York, Philadelphie, Boston, Paris, Londres... C'est peut-être en Russie qu'elle a été la plus aimée du public. Engagée à de brillantes conditions en 1855, sa vie pétersbourgeoise n'est faite que de succès et de triomphe. Une sorte de folie s'emparait du public de la capitale russe devant le talent délicat et pur de la jeune soprano. Rossini et Verdi occupaient une place importante dans le répertoire d'Angiolina Bosio. Elle est notamment la première Violetta de la scène russe. Voici ce qu'écrivait Hector Berlioz à propos d'Angiolina Bosio dans une lettre au comte Michel Vielgorski datée du 15 septembre 1855:

               " Monsieur le comte,

     Permettez-moi de vous présenter M. et Mme Xindavellonis. Madame Xindavellonis, dont le nom d'artiste (Mme Bosio) vous est bien connu, est une cantatrice incomparable, qui réunit la grâce à la verve, la légèreté au style expressif. Vous en serez tous ravis à Saint-Pétersbourg comme nous le sommes à Paris.

                                              Votre tout dévoué,

                                      H. Berlioz. "

  ("Histoire du théâtre Ventadour", par Octave Fouque, 1881)

bosio6589.jpg
Angiolina Bosio lors de la première de "Luisa Miller" de Verdi à l'Opéra national de Paris, en 1853

En 1859, elle tombe subitement malade. Les bulletins sur sa santé sont publiés dans la presse. Sa mort prématurée émeut les mélomanes et le grand public. Une foule immense assiste à ses obsèques à l'église catholique Sainte-Catherine sur la perspective Nevski. Angiolina Bosio a été initialement inhumée au cimetière catholique dans le quartier de Vyborg. Lorsque le cimetière a été supprimé dans les années 1930, ses restes (ou le monument funéraire uniquement?) ont été transférés à la laure Alexandre-Nevski.

Le "climat meurtrier" est au banc des accusés dans la "Biographie Universelle des musiciens" de F.-J. Fétis (1878):

"C'est en chemin de fer, en revenant de Moscou à Saint-Pétersbourg, qu'elle eut l'imprudence de baisser la glace de la portière auprès de laquelle elle se trouvait; il faisait un de ces froids vifs et secs qui surprennent sans pitié des constitutions plus robustes que ne l'était la sienne. En arrivant dans la capitale de la Russie, la pauvre artiste était mortellement atteinte ! Malgré les soins les plus dévoués, elle expira, le 13 avril 1859, au milieu de la douleur universelle."

tombebosio-copie-1.jpg
BnF

Tchaïkovski l'admirait. Ce qui m'a le plus étonnée, c'est que son destin ait marqué les esprits au point d'inspirer écrivains et poètes russes, sur plusieurs générations ! Tchernychevski évoque la cantatrice dans son roman "Que faire?" (troisième rêve de Véra Pavlovna), tout comme Tourguéniev dans "A la veille". Nékrassov et Mandelstam lui consacrent des vers... Rien que ça !


Самоедские нервы и кости
Стерпят всякую стужу, но вам,
Голосистые южные гости,
Хорошо ли у нас по зимам?
Вспомним — Бозио. Чванный Петропо
ль
Не жалел ничего для нее.
Но напрасно ты кутала в соболь
Соловьиное горло свое,
Дочь Италии! С русским морозом
Трудно ладить полуденным розам.

Перед силой его роковой
Ты поникла челом идеальным,
И лежишь ты в отчизне чужой
На кладбище пустом и печальном.

Позабыл тебя чуждый народ
В тот же день, как земле тебя сдали,
И давно там другая поет,
Где цветами тебя осыпали.
Там светло, там гудет контрабас,
Там по-прежнему громки литавры.
Да! на севере грустном у нас
Трудны деньги и дороги лавры!

Н. Некрасов, "О погоде" (1863-1865)

bosiospb
BnF

Чуть мерцает призрачная сцена,
Хоры слабые теней,
Захлестнула шелком Мельпомена
Окна храмины своей.
Черным табором стоят кареты,
На дворе мороз трещит,
Все космато -- люди и предметы,
И горячий снег хру
стит.

Понемногу челядь разбирает

Шуб медвежьих вороха.
В суматохе бабочка летает.
Розу кутают в меха.
Модной пестряди кружки и мошки,
Театральный легкий жар,

А на улице мигают плошки
И тяжелый валит пар.

Кучера измаялись от крика,
И храпит и дышит тьма.

Ничего, голубка Эвридика,
Что у нас студеная зима.
Слаще пенья итальянской
речи
Для меня родной язык,
Ибо в нем таинственно лепечет
Чужеземных арф родник.

Пахнет дымом бедная овчина,
От сугроба улица черна.
Из блаженного, певучего притина
К нам летит бессмертная весна.

Чтобы вечно ария звучала:
"Ты вернешься на зеленые луга",--
И живая ласточка упала
На горячие снега.

О. Мандельштам
Ноябрь 1920

bosiobnf.jpg

Et une hirondelle vivante est tombée
Sur la neige brûlante.

O. Mandelstam, 1920


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