L'année croisée franco-russe continue avec l'expo "La Russie romantique à l'époque de Pouchkine
et Gogol" dans le joli cadre du musée de la Vie
Romantique (dans le quartier de Pigalle). J'entends déjà les nationalistes ukrainiens beugler contre le titre et la présence de Gogol sur l'affiche. Gogol
appartient-il à la Russie ou à l'Ukraine ? Ou aux deux pays ? Dans le catalogue de l'expo (p. 96) on a la réponse de l'écrivain lui-même: "Je ne sais pas quelle âme j'ai,
ukrainienne ou russe. Je sais seulement que je ne donnerais jamais la préférence à un Petit-Russien sur un Russe, ni à un Russe sur un Petit-Russien. Les deux natures ont trop reçu de Dieu pour
cela." (en russe: "[...] не знаю, какая у меня душа, хохлацкая или русская. Знаю только то, что никак бы не дал преимущества ни малороссиянину перед русским, ни русскому пeред малороссиянином.
Обе природы слишком щедро одарены Богом [...]")
Sur l'expo elle-même... Un brin de déception (comme avec celle du musée de la Marine "Cadeaux des Tsars"). On nous annonce les "chefs-d'oeuvre" de la galerie Trétiakov de Moscou... Chefs-d'oeuvre, chefs-d'oeuvre, c'est exagéré.
Je n'ai pas vu une seule oeuvre phare du musée, même si de grands noms sont présentés: V. Borovikovski, K. Brioullov, O. Kiprenski, I. Martos, A. Opékouchine, V. Tropinine... Plus le temps passe,
plus je me rends compte que "Sainte
Russie" au Louvre était l'événement de cette année de la Russie en France. Aucune autre expo ne soutient la comparaison. Mais bon, nous ne sommes pas en Russie et on prend ce
qu'il y a. Lorsqu'on a pu admirer les merveilles des plus grands musées russes comme moi, dur dur de se satisfaire de ça. Vivement mon prochain voyage à Pétersbourg !
Un beau portrait de l'impératrice Elisabeth Alexeïevna, née princesse de Bade (1779-1826), l'épouse d'Alexandre Ier, par Jean-Laurent Mosnier (1802).
La grande-duchesse Marie (1819-1876), la fille aînée de Nicolas Ier et future duchesse de Leuchtenberg, par Karl Brioullov (1837). Le portrait a été exécuté en vue d'un tableau commandé par Nicolas Ier et qui n'a finalement pas
été réalisé. Ne pas se fier au nom à l'apparence russe du peintre. Il est d'origine française (Brulleau) !
Nikolaï Gogol tenait ce portrait par Fédor Moller (début des années 1840) comme "le seul qui fût ressemblant".
"La traversée du Dniepr par Nikolaï Gogol", un tableau poétique d'Anton Ivanov (1845). Le peintre n'est jamais allé sur le Dniepr: c'est peut-être pour ça que le
fleuve ressemble à la Volga près des monts Jigouli !
Aussi quelques sculptures, beaucoup d'aquarelles, des trompe-l'oeil... Pour visiter l'expo, c'est jusqu'au 16 janvier 2011.
J'en ai profité pour visiter les collections permanentes du musée de la Vie Romantique que je ne connaissais pas. Et sur qui je
tombe ?
La cantatrice Pauline Garcia-Viardot (1821-1910) par le peintre d'origine hollandaise
Ary Scheffer (ancien propriétaire des lieux). Pauline Viardot, connue des Russes pour son histoire d'amour de 40 ans avec Ivan Tourguéniev. Le portrait date de 1840, trois ans avant sa rencontre avec Tourguéniev. A ce propos, un monument a été inauguré cette année à Bougival pour célébrer l'écrivain et sa muse.
Ary Scheffer toujours: "La retraite de
Russie"
Je me suis aussi rendue dans le 19e, rue de Crimée, à quelques pas du parc des Buttes-Chaumont, pour voir la paroisse orthodoxe Saint-Serge-de-Radonège.
Je suis arrivée à la fin de l'office et je n'ai pas pu voir l'intérieur, mais j'y retournerai (maintenant que je connais le chemin).
Le site de la paroisse
J'ai fait un tour à la Librairie du Globe, la Mecque du livre russe à Paris. J'ai acheté trois romans de Tatiana N. Tolstaïa (Tolstoï). J'avais adoré un de ses livres
("День"). J'espère que ceux-là sont aussi bons. J'ai aussi acheté un livre sur Saint-Pétersbourg du temps de Catherine la Grande et des romans historiques.
Pendant une balade... Un des aigles bicéphales russes du magnifique pont Alexandre III. Je vous reparlerai de
ce pont et de son "homologue" de Saint-Pétersbourg, le pont de la Trinité, symboles de l'alliance
franco-russe.
La Russie à Paris, ce sont aussi tous les Russes qu'on y croise. Impressionnant ! Une Russe essayait de se faire comprendre dans
un restaurant. Elle parlait lentement en russe, en détachant bien les syllabes, comme si le Français pouvait mieux la comprendre de cette manière. C'était amusant comme dans un sketch de Mikhaïl
Zadornov sur les Russes à l'étranger...
Mon prochain voyage à Paris, c'est en principe pour décembre... C'est long !
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