20 octobre 2009
2
20
/10
/octobre
/2009
16:37
On dit que
l'habitude tue l'amour, mais je ne me suis jamais lassée des beautés de Pétersbourg. L'émerveillement était toujours au rendez-vous. Rien que pour ça, je ne regrette pas mes années passées en
Russie. Nostalgique, je suis en train de feuilleter un livre sur Pétersbourg et ses records, un livre acheté en 1995, lors de mon premier voyage à Pétersbourg. La ville elle-même est un record:
avec presque 5 millions d'habitants, c'est la plus grande ville au monde à cette latitude, à 6 degrés du cercle polaire. Voici quelques endroits de Piter trouvés dans le livre et qui sont, pour
une raison ou pour une autre, remarquables:
Les armoiries de la ville sont représentées
546 fois sur le pont de la Fonderie (Liteïny) qui enjambe la Néva. Des "roussalki" tiennent les armoiries de la ville surmontées de la couronne impériale: deux ancres croisées et le sceptre
avec l'aigle bicéphale. Le thème marin est très présent à Piter. C'est aussi près de cet endroit que la Néva est le plus profonde, environ 24 mètres.
L'église de la Résurrection-du-Christ, plus connue sous le nom de Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé car construite à l'endroit où l'empereur Alexandre II fut victime d'un attentat qui
lui coûta la vie en 1881: plus de 7000 m² de mosaïques recouvrent les murs, les piliers, les voûtes et les façades. Les mosaïques proviennent de
l'atelier des frères Alexandre et Vladimir Frolov, d'après des originaux de Viktor Vasnetsov, Mikhaïl Nestérov, Andreï Riabouchkine et d'autres peintres célèbres.
Des mosaïques partout ! On remarque "La Sainte Vierge" dans le plafond de la coupole nord-ouest, d'après
un original de Nikolaï Kharlamov. Plus de précisions sur cette église: ici.
Le roi des vases au musée de l'Ermitage: le vase de Kolyvan (2,60 m de haut,
19 tonnes !)
"La
reine des vases" en russe car "vase" est du féminin. Le vase (1831-1843)
de la manufacture sibérienne de Kolyvan est assurément le plus grand vase du musée et du
pays. Et il n'est pas fait selon
la technique de la mosaïque russe comme beaucoup
d'autres à l'Ermitage ! Il est entièrement en jaspe de l'Altaï et pèse presque 19
tonnes. 2,60 mètres de haut ! La coupe ovale (5m x 3,25m) est fabriquée à partir d'un seul bloc trouvé en 1819 dans le gisement de la montagne Revnioukha. On transformerait volontiers
cette coupe en grande baignoire ! Certains visiteurs du musée se demandent comment un tel mastodonte a pu être installé dans cette pièce. Il a été installé là, au rez-de-chaussée du Nouvel
Ermitage, lorsque le bâtiment était en construction, avant que les murs soient tous construits. Et les fondations ont été renforcées !
Ce vase est présent sur les armoiries de la région Altaï à laquelle appartient Kolyvan. Ils n'en sont pas peu fiers ! La
manufacture existe toujours.
Le Champ de Mars est un cimetière, on a tendance à
l'oublier. En mars 1917, on y a inhumé presque 200 victimes de la révolution de Février. Quelque mois plus tard, c'était au tour de victimes de la révolution d'Octobre. Au centre du Champ de Mars
se trouve la première flamme éternelle de Russie et d'URSS, allumée le 6 novembre 1957 pour les 40 ans du coup d'Etat bolchévique. C'est de cette flamme
qu'ont été allumées celles du cimetière mémorial de Piskarevskoïé (1960),
de la tombe du soldat inconnu à Moscou (1967)
et d'autres flammes éternelles d'URSS.
Un intérieur curieux totalement reconstitué. L'original a disparu au moment du blocus de Léningrad et de l'occupation de Tsarskoïé Sélo: c'est le salon d'ambre dans le palais Catherine.
De l'ambre sur les murs, quelle idée saugrenue ! Si ce n'est pas forcément très beau, c'est complètement
étrange. C'est un cadeau du roi Frédéric-Guillaume Ier de Prusse au tsar Pierre Ier en 1716. Les panneaux d'ambre ont été installés dans le palais Catherine sous le règne de la fille de Pierre,
Elisabeth. Des artisans russes ont alors ajouté les moulures (ah ! Elisabeth et son style rococo !) et les miroirs.
Les spécialistes de la "Kunstkommission" qui
accompagnaient les troupes nazies lors de l'occupation de Tsarskoïé Sélo ont trouvé les panneaux, et les ont envoyés à Königsberg (aujourd'hui la ville russe
de Kaliningrad). En 1944, lors de la retraite allemande, les traces des panneaux se perdent. Ont-ils disparu dans un incendie? Ont-ils été cachés à Königsberg ou évacués? Se trouvent-ils en
Allemagne, en Autriche, en Amérique du Sud? L'ambre est fragile, les panneaux peuvent ne plus exister. Plus les années passent, plus cette dernière version semble plausible.
Les conservateurs et les personnes
chargées de l'évacuation des oeuvres d'art avant l'arrivée des nazis étaient des gens courageux. Ils ont fait tout ce qui était possible, jusqu'à la dernière minute. Ils n'ont pas évacué les
panneaux d'ambre car ils les ont jugés trop fragiles. Ils ont préféré les cacher sous des planches en bois. Certes, ils ont commis une erreur. Les nazis ont trouvé les panneaux et ont mis
seulement 36 heures pour les démonter. Avec le recul, il est toujours facile de juger et de critiquer.
Parmi les rares éléments originaux retrouvés se trouve une des quatre mosaïques florentines-allégories des cinq sens apparues peu de temps après l'installation des panneaux
dans ce palais (dans la version "allemande" offerte à Pierre Ier, les cadres d'ambre étaient destinés à des miroirs). C'est
la mosaïque "L'odorat et le toucher" (retrouvée à Brême en 1997, redonnée à la Russie en 2000). Elle était déjà refaite et la comparaison avec
l'original a démontré la qualité du travail des spécialistes russes. Pendant un temps, la mosaïque originale était exposée dans la pièce, à côté de la copie. Je pense que la mosaïque exposée
actuellement est la copie.
Une vingtaine d'années pour reconstituer
le salon et 6 tonnes d'ambre (de la région de Kaliningrad) ont été nécessaires. L'entreprise allemande Ruhrgaz AG a contribué financièrement. Le salon d'ambre entièrement reconstitué a
ouvert pour le tricentenaire de St-Pétersbourg, en 2003. Certains touristes me faisaient remarquer qu'il n'y avait pas de panneaux du côté des fenêtres, mais c'est normal. Je vous reparlerai de
ce cabinet d'ambre, car le sujet est passionnant !