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Умом Россию не понять,
Аршином общим не измерить:
У ней особенная стать -
В Россию можно только верить.

Nul mètre usuel ne la mesure,
Nulle raison ne la conçoit.
La Russie a une stature
Qui ne se livre qu'à la foi.

Fiodor Tiouttchev (1866)

 

 

Да, и такой, моя Россия,
Ты всех краев дороже мне.
А. Блок


Люби Россию, ибо она мать твоя, и ничто в мире не заменит тебе её.
Казачья заповедь

 


Праздники России


 
27 mai 2010 4 27 /05 /mai /2010 21:02



Attention, cet article fait preuve d'un certain parti pris !
 

leonida-gueorguievna-romanov-2006.jpg"Les prétendants en deuil". J'avais envie d'écrire "Les prétendants: -1", mais étant donné les circonstances, ce serait déplacé. La princesse Léonida Guéorguievna Romanova est morte à Madrid, dans la nuit du 23 au 24 mai 2010. Il y a quelques semaines, j'étais justement allée sur le site imperialhouse.ru et j'avais vu les photos de Léonida Guéorguievna fêtant son 95ème anniversaire à la fin de l'année dernière. Elle était absolument méconnaissable. J'ai alors pensé qu'elle n'en avait plus pour longtemps.

leonida-gueorguievna.jpg
Léonida Guéorguievna est née en 1914 à Tiflis (Tbilissi) . Elle appartenait à l'une des plus illustres familles géorgiennes, les Bagration-Moukhranski. Elle a épousé le prince Vladimir Kirillovitch Romanov en 1948, à Lausanne.


La famille Romanov est déchirée, et cela ne date pas d'aujourd'hui. D'un côté la plupart des descendants qui reconnaissent comme "chef" Nicolas Romanovitch Romanov (je vous ai parlé de lui lorsque j'ai consacré un billet à sa petite-fille actrice). Nicolas Romanovitch ne s'est jamais placé comme prétendant à quoi que ce soit. De l'autre côté, quelques personnes très actives (euh... seulement deux aujourd'hui).

La querelle dynastique n'est pas nouvelle. Revenons à ses origines...

vladimirovitchi.jpg
Les "Vladimirovitchi", descendants d'Alexandre II. Le grand-duc Vladimir (1847-1909), fils d'Alexandre II et frère d'Alexandre III, avec son épouse Marie Pavlovna (1854-1920) et leurs enfants: de gauche à droite,  André (1879-1956), Hélène (1882-1957), Cyrille (1876-1938) et Boris (1877-1943). La photo a été prise le jour des noces d'argent de Vladimir Alexandrovitch et Marie Pavlovna, en 1899.

* L'héritier du trône doit obligatoirement naître de parents orthodoxes. Si la mère de l'héritier du trône est une princesse étrangère, celle-ci doit se convertir avant son mariage.

Or, Marie Pavlovna, née Marie de Mecklembourg-Schwerin, ne s'est convertie à l'orthodoxie qu'une trentaine d'années après son mariage. Elle a surement senti le vent tourner en faveur de son fils, ce qui l'a décidée à se convertir. L'héritier tant attendu de Nicolas II, Alexis, souffrait d'hémophilie. Le deuxième héritier potentiel, Michel, ne s'intéressait pas au pouvoir et allait immanquablement contracter un mariage morganatique. L'ambitieuse et calculatrice "Miechen", comme on l'appelait dans la famille, voyait déjà son fils préféré Cyrille sur le trône. Il était en effet le suivant dans l'ordre de succession au trône, après Alexis et Michel. Quand on connaît les propos haineux de Miechen envers le dernier couple impérial, et surtout envers l'impératrice Alexandra, des propos dignes de révolutionnaires... Cette intrigante est décidément bien peu sympathique. Peu sympathique et prétentieuse, mais chanceuse: elle et tous ses enfants ont réussi à quitter la Russie en révolution sains et saufs. C'est là, en exil, que la grande farce "impériale" a commencé.

 

La "Cyrilliade"
"[...] ils ne pensent qu'à eux-mêmes et au fond se moquent de tous les principes et de toutes les lois [...]"
(extrait d'une lettre de l'impératrice douairière Marie Fédorovna à son fils Nicolas II à propos de la conduite de Cyrille et de sa mère; cité dans:
А.Н. Боханов "Романовы. Сердечные тайны", Мoscou, АСТ-ПРЕСС, 2000, page 318).
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Le grand-duc Cyrille Vladimirovitch et son épouse la grande-duchesse Victoria Fédorovna (1876-1936), "Ducky", née princesse de Grande-Bretagne, petite fille de la reine Victoria par son père et petite-fille du tsar Alexandre II par sa mère (pourtant, elle n'a jamais pu apprendre à parler russe correctement). Cyrille s'est marié malgré le refus de Nicolas II à cette femme divorcée. Elle était en plus sa cousine germaine, ce qui ne plaît pas beaucoup à l'Eglise ! Et elle aussi s'est convertie à l'orthodoxie après son mariage. Cyrille aurait même pu être privé de son titre de grand-duc si Nicolas II avait été plus sévère. Finalement, Cyrille a été pardonné par Nicolas II et son épouse est devenue grande-duchesse. Mais Cyrille s'est discrédité en 1917 en trahissant une nouvelle fois le tsar, en foulant aux pieds ses serments militaire et grand-ducal. Puis, en exil, il s'est auto-proclamé empereur.


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"Cyrille Ier", empereur de Saint-Briac !













* Depuis la fin du XIXe siècle, le titre de grand-duc ou grande-duchesse est réservé aux enfants et petits-enfants d'empereurs (et à leurs conjoints d'égale naissance). La dernière grande-duchesse, si je ne me trompe, est Olga Alexandrovna, la soeur de Nicolas II, morte en 1960 au Canada (je ne prends pas en compte les titres distribués par les usurpateurs dont il est question ici).

"Cyrille Ier" a accordé le titre de grand-duc à son fils, Vladimir. Vladimir n'est pas un grand-duc, mais seulement prince du sang impérial. Ses deux soeurs nées avant la révolution portaient ce titre. Il n' est en effet qu'arrière-petit-fils d'empereur. Son épouse Léonida, n'est pas grande-duchesse, leur fille Maria non plus. Mais à force de le répéter partout, beaucoup pensent qu'ils sont grands-ducs et grandes-duchesses. Comme on dit: vante-toi, il en restera toujours quelque chose... Ce mensonge sera peut-être bientôt gravé sur la dalle funéraire de Léonida dans la nécropole des Romanov à Saint-Pétersbourg.

* Si Vladimir Kirillovitch avait été un véritable monarque, il aurait pu modifier les lois de la famille et l'ordre de succession au trône. Mais dans sa situation, il devait suivre les lois d'avant la révolution.

Господа Обмановы !

leonida-vladimir-maria.jpg
Vladimir Kirillovitch (1917, mauvaise année ! - 1992), Léonida Guéorguievna (1914-2010) et leur fille Maria (née en 1953). Vladimir Kirillovitch n'a rien fait d'autre dans la vie que d'être prétendant à un trône qui n'existait plus.

* La descendance d'unions morganatiques perd ses droits au trône.

Un point délicat. Est-ce que Vladimir Kirillovitch a fait un mariage morganatique ou non? La dynastie géorgienne Bagration-Moukhranski peut-elle être considérée comme une maison régnante ou ayant régné ? Comme l'égal des Romanov ? J'ai plutôt tendance à croire que non.
La Géorgie faisait partie de l'Empire russe depuis le début du XIXe siècle. La famille Bagration-Moukhranski était donc intégrée à la noblesse de l'Empire russe. Et en Russie, aucune famille, personne n'était l'égal des Romanov. Il y a eu un précédent: lorsque la princesse du sang impérial Tatiana Konstantinovna a voulu épouser un prince Bagration-Moukhranski au début des années 1910, toute la famille impériale a jugé que c'était un mariage morganatique, donc impossible. L'impératrice douairière Marie Fédorovna a quand même jugé cette loi un peu dépassée. Un oukaze de l'empereur Nicolas II a alors autorisé les princes et princesses du sang impérial à contracter des mariages morganatiques, mais la descendance de telles unions perdait ses droits dynastiques. De plus, Léonida était divorcée. Si le mariage de Vladimir Kirillovitch et Léonida Guéorguievna est morganatique, leur descendance n'est pas dynaste. Bien sûr, leur fille Maria conteste cette version. Les autres Romanov d'aujourd'hui ne sont pas dynastes non plus à cause des mariages morganatiques de leurs parents ou grands-parents. C'est aussi un peu normal: l'Empire n'existe plus depuis longtemps.

maria-vladimirovna-peterhof-2006.jpg
"L'impératrice" Maria Vladimirovna dans le parc de la résidence impériale de Peterhof, près de Saint-Pétersbourg, en 2006. Son absence à l'inhumation de Nicolas II et de sa famille en 1998, à Saint-Pétersbourg, a été très remarquée et commentée. Officiellement, elle soutenait la position de l'Eglise orthodoxe concernant le manque de fiabilité des tests ADN effectués. En fait, Maria Vladimirovna voulait être traitée d'une manière spéciale lors de cette cérémonie, comme l'héritière du trône, et non pas comme une Romanov comme les autres ! Tous les autres Romanov, ses ennemis jurés, ont participé à ce grand moment historique (j'y étais, c'était fantastique, un des plus beaux souvenirs de mes 10 ans en Russie). Je pense qu'elle a compris son faux pas et elle s'est rattrapée depuis.

Maria Vladimirovna a notamment assisté au rapatriement des restes de l'avant-dernière impératrice Marie Fédorovna du Danemark en Russie en 2006, et chose incroyable: en présence de l'autre clan Romanov ! Mais sur son site, on ne les voit pas sur les photos choisies ! Bon, sur le site de ses adversaires, c'est elle qui n'apparaît pas. Ils sont quittes.


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Les photos de son site la montrent clairement en maîtresse de cérémonie. Ici, elle accueille le prince héritier de Danemark Frederik et son épouse Mary. Maria est chez elle et les autres Romanov n'existent pas, comme d'habitude.



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Dans la cathédrale Saint-Isaac de Pétersbourg, on remarquera que Maria Vladimirovna est quelques pas devant les autres, telle une vraie impératrice ! Sur la photo, on reconnaît le couple héritier de Danemark, le duc et la duchesse de Kent, et, il me semble, Constantin et Anne-Marie de Grèce. Je vous fais grâce de leurs liens de parenté. Un aperçu ici.

Question mariage morganatique, Maria Vladimirovna a pris toutes les précautions. Rien à dire de ce côté-là. En 1976, elle a épousé un Hohenzollern, arrière-petit-fils de Guillaume II. Vladimir a récidivé en accordant à son gendre le titre de grand-duc. Ben voyons ! François-Guillaume de Prusse est devenu Mikhaïl Pavlovitch. Le théâtre continue.


Une nouvelle dynastie: les Hohenzollern-Romanov ?
gueorgui-romanov-2006-moscou
"Le tsarévitch Géorgui Mikhaïlovitch" à Moscou en 2006. C'est un Hohenzollern. Un petit problème pour quelqu'un qui brigue le trône russe. Bon, c'est vrai il y a eu des précédents dans l'histoire russe et le garçon a raison de ne pas désespérer.

Le prince Georges (Guéorgui), né en 1981, est le fils de Maria Vladimirovna et de François-Guillaume de Prusse, pardon du "grand-duc Mikhaïl Pavlovitch". Il n'est pas plus légitime que sa mère et son grand-père pour prétendre à quoi que ce soit. Il n'est pas "tsarévitch", l'héritier du trône. Son grand-père a beau l'avoir fait "grand-duc"... Il ne fait même pas partie de la famille Romanov, à proprement parler. Il est encore célibataire, mais il est peu probable qu'il fasse un mariage morganatique étant donné l'éducation qu'il a reçue et la "mission" qui repose sur ses épaules.


Il ne fait aucun doute que Léonida Guéorguievna sera inhumée aux côtés de Vladimir Kirillovitch, dans la nécropole des Romanov, dans la forteresse Saints-Pierre-et-Paul à Saint-Pétersbourg (pas dans la cathédrale même, mais dans son bâtiment annexe appelé "nécropole des grands-ducs").


maria-gueorgui-leonida.jpgLéonida Guéorguievna avec sa fille et son petit-fils sur la place Rouge.

 Autre petite chose qui me chiffonne: les temps ont changé en Russie et des prétendants sérieux devraient vivre là-bas, et non à Madrid ou Paris. Certes, ils se rendent régulièrement en Russie. Officiellement, ils attendent une reconnaissance officielle de leur statut ("qui ne coûterait qu'une feuille de papier à l'Etat") pour s'y installer définitivement. Le prince Guéorgui aurait pu, par exemple, intégrer une école militaire en Russie, pour suivre les traditions de sa famille. Mais il est plus confortable d'étudier à Oxford, comme je le comprends ! Si la clique s'était installée en Russie, je serais probablement beaucoup plus indulgente.

Bref, vous l'aurez compris, je ne supporte pas ces Vladimirovitchi-Kirillovitchi.
Ah oui, j'ai écrit ce billet à l'occasion du décès de Léonida Guéorguievna. Qu'est-ce qu'on dit dans ces cas-là ? Вечная память ! Царство ей небесное ! Mémoire éternelle, etc.

La suite: ici



 

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